vendredi 2 octobre 2015

Fernand, un arc-en-ciel sous la lune (Martial Victorain)

Le dépliant publicitaire montre une belle propriété posée au bord d'un étang. Un grand parc de verdure, la campagne et les arbres autour... Ah ! les arbres...Tout est fait pour plaire à Fernand sur ce prospectus; tout est fait pour qu'il se décide enfin à s'arracher de la Salamandre et à sa charge de souvenirs... Alors, c'est par un bel après-midi d'avril qu'il arrive au Perce-neige, la maison de retraite dans laquelle il a décidé que le mènerait une dernière fois son chemin de vie. Malgré un accueil chaleureux et les sourires du personnel, les choses ne semblent pas aussi réjouissantes qu'elles en ont l'air vu de l'extérieur... L'établissement est un trop-plein de souffreteux, de petits vieux presque encombrants... Un endroit débordant de solitudes et d'abandons... Un mouroir comme ils en existent beaucoup... un miroir dans lequel Fernand refuse de se voir. Que faire alors ? Et si les choses finalement ne s'arrêtaient pas là, juste là où elles semblent vouloir s'arrêter ?
Et si les petits vieux décidaient de jouer les prolongations ?...

Je ne lis pas souvent des romans de ce type, mais la gentillesse de l’auteur, le résumé, le titre et la couverture ont fait que j’avais réellement envie de lui laisser sa chance. Et comme j’ai bien fait !

Ce roman est l’histoire de Fernand, un vieux bonhomme en parfaite santé qui va décider de quitter la Salamandre (sa belle maison dans laquelle il a vécu si longtemps) pour aller s’enfermer dans une maison de retraite au doux nom de Perce-neige. La peur de la solitude et de la folie l’auront poussé sur ce chemin, à dire vrai. Mais ce nouvel environnement pourrait bien le pousser dans ses retranchements, d’autant que Fernand cherche à fuir son passé, quelque chose qui est en lui… mais qui pourrait bien le rattraper et changer totalement la situation de ceux qui peuvent l’entourer.

Lorsque j’ai commencé le roman, j’ai très vite remarqué que la plume s’avérait poétique. C’est assez rare, en fait, et pour le coup, je me perdais un peu au milieu de tous ces mots. Ça restait confus pour moi, comme si l’auteur avait eu un peu de mal à faire prendre corps à son histoire. Mais j’ai laissé filer, je sais bien que ça peut arriver et qu’avec un peu de chance, je finirais par comprendre durant la suite. Je suis heureuse de ne pas m’être trompée.

J’ai découvert un Fernand assez surprenant, un petit vieux comme on en voit rarement, qui accepte de vieillir sans trop de plaintes et qui fuit le médecin comme la peste. C’est un homme bon, imparfait mais foncièrement bon et plein d’amour. Il porte beaucoup de choses, et j’ai vite compris ce qu’il essayait de cacher, enfin, ce qui le parcourait et qu’il ne voulait plus utiliser. Je dois avouer que j’ai une position assez tranchée sur ça, mais j’ai quand même lu cette histoire avec beaucoup de plaisir parce qu’elle est très douce, porteuse avant tout d’espoir et d’appel à l’amour.

Parce qu’au final, ce n’est pas seulement l’histoire de Fernand. Fernand est le personnage central, mais il est la goutte d’huile qui permet à la machine de se remettre en branle. Et le Perce-neige a réellement besoin de lui, je peux vous le dire ! On suit à travers les yeux de cet homme si particulier son arrivée et sa découverte dans cette maison. Ces petits vieux qui se rendent malades de tristesse, de solitude et qui s’enferment sur eux-mêmes… bon sang ! Je vous assure que ça sent le vécu et que c’est aussi beau que douloureux.

On commence dans une situation quasiment désespérée, et… tout va changer. Certainement pas du jour au lendemain, et c’est bien parce que ça apporte du réalisme à l’ensemble ! Fernand est un roman qui prend son temps, qui nous balade en nous faisant aussi évoluer et qui nous fait réfléchir. Ça ouvre notre conscience sur bien des points… notamment sur les soins et l’attention que nous consacrons à nos ancêtres encore vivants.

En même temps, c’est un roman qui n’est pas un reproche : on ne nous balance pas tout sur le coin du nez, on nous montre ce qui ne va pas, tout en nous donnant envie de faire comme Fernand, de changer ce qui peut encore l’être. Peut-être pas comme lui, mais si on se prend d’affection pour lui et ses camarades, on comprend. Même sans ça, je crois que tout un chacun peut tirer quelque chose de ce bouquin.

J’ai lu ce roman d’une traite parce que j’avais un long moment d’attente, je pense toutefois qu’il serait plus agréable de prendre son temps pour le savourer, qui plus est avec une mise en page adaptée (disons que ma liseuse et moi avons failli entrer en conflit et heureusement, j’ai pu lire comme je le voulais, même si ce n’était pas le must !).

Au niveau de la plume ? Si au départ elle est très poétique, presque trop, elle devient plus naturelle et les dialogues apportent vraiment de la légèreté au bouquin, c’est très appréciable. D’autant que le réalisme est franchement de mise sur bien des points. L’écriture de Martial Victorain est donc vraiment sympathique et elle vous emportera dans cette petite histoire qui change mais qui ressemble un peu à un petit baume tranquillisant.

En conclusion, Fernand, un arc-en-ciel sous la lune est un chouette roman pour se détendre, pour arriver à voir le monde un peu autrement. On suit Fernand, un petit vieux pas comme les autres qui va faire sa mini-révolution au Perce-neige, sans être épargné par les tourments de son âge et de toute personne, je crois. Teinté de réalisme et parfois un peu de douleur, il s’agit d’un roman qui pourra vous apporter une touche de douceur et de rêve, sans qu’on file sur du surnaturel. Et même si j’ai une position assez récalcitrante par rapport à la pratique de notre héros, son grand cœur et ses actions d’amour m’auront vraiment touchée. Même la fin m’aura plu et ce n’était pas gagné !
Ce sera donc un 17/20 pour moi avec un grand merci à Martial Victorain !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire